M. le Maire a pris la parole pour honorer la mémoire des professeurs disparus et pour montrer que, face à l'obscurantisme, la République est debout.
Il a convié chacune et chacun à une minute de silence en mémoire des victimes, en soutien pour leurs familles, pour les enseignant.es et pour, ensemble, défendre la liberté d'expression et les valeurs de la République.
Hommage à Dominique Bernard et Samuel Pathy
Discours de M. Le Maire - 16 octobre 2023
"Trois ans, jour pour jour, après l’assassinat de Samuel Paty, professeur d’Histoire-Géographie tué et décapité dans un lycée des Yvelines par un fanatique islamiste, un nouveau drame vient d’avoir lieu au lycée Gambetta d’Arras : l’assassinat d’un professeur de français, Monsieur Dominique Bernard, par un ancien élève du même lycée.
L’émotion est immense. La sidération, la tristesse, la colère nous saisissent face à cet acte immonde et terrifiant.
Mes premiers mots vont à la famille de Monsieur Bernard. En votre nom, en notre nom, je veux lui témoigner notre soutien sans faille dans ce moment terrible. Réunis ce jour, nous lui adressons toutes nos condoléances.
Au-delà de la famille, j’adresse aussi notre soutien à l’ensemble de la communauté éducative du Lycée d’Arras, fortement touchée. Face à la barbarie, des femmes et des hommes de ce lycée ont montré l’exemple en faisant face, en s’interposant entre l’assaillant et les élèves, au risque de leur vie. Dominique Bernard y laissa la sienne.
Comme il y a 3 ans, c’est l’école de la République qui a été visée. Ce sont les enseignant·es qui ont été la cible du terrorisme, pour ce qu’ils et elles représentent et qui est le contraire de ce qui est défendu par les terroristes eux-mêmes.
- D’abord, le savoir et la connaissance contre l’obscurantisme de tout bord.
- Surtout, la liberté de penser contre les dogmes intouchables d’une pensée figée et mortifère.
Je veux dire ici combien nous sommes fiers de nos enseignant·es et de notre école laïque, fondement de la République et combien nous la défendons et la défendrons toujours.
Face à ce nouveau drame qui nous touche profondément, rappelons-nous nos devoirs :
- D’abord, notre devoir de combattre les ennemis de la République partout et quels qu’ils soient. Le combat sera long. Mais le courage ne nous manque pas pour affronter la bête.
- Enfin, notre devoir de rester unis. Si la République est une et indivisible, alors notre devoir de fraternité doit être entier envers toutes les citoyennes et tous les citoyens, qu’ils croient au ciel ou qu’ils n’y croient pas. Juifs, musulmans, chrétiens, agnostiques, athées, chacune et chacun doit avoir sa place dans notre République et personne ne doit être inquiété pour les croyances qui sont les siennes. Ne nous divisons pas et ne cherchons pas les ennemis là où ils ne sont pas.
Au début du XXe siècle, à la tribune de l’Assemblée Nationale, avec l’éloquence du grand orateur qu’il était, Jean Jaurès disait ceci : « Il y a dans notre France, sur les problèmes vitaux, une inertie de la pensée, une somnolence de l’esprit qui nous exposent à toutes les surprises jusqu’au jour où se produisent ces lumineux réveils qui viennent, heureusement, quoique à de trop longs intervalles, sauver notre pays. »
Je crois qu’après un temps certain de somnolence, nous sommes sur la voix du réveil pour empêcher la République de tomber. À la condition bien sûr que nous n’oublions pas l’exigence de justice sociale, seul véritable fondement de la paix civile et de l’État social.
Aujourd’hui, rendons hommage et justice à Samuel Paty et Dominique Bernard, par une minute de silence".
Vincent Magré, Maire.